La tendinopathie d’achille : Ce que vous pensiez savoir est remis en cause avec cette étude Delphi.
🧑⚕️ Un cas clinique qui interpelle…
Un patient coureur de 38 ans entre dans votre cabinet. Il souffre d’une tendinopathie d’Achille depuis 6 mois.
Vous avez tenté plusieurs protocoles : excentrique, lourd-lent, Silbernagel…
Pourtant, les résultats stagnent. Il vous dit :
« J’ai l’impression de faire tout ce qu’il faut, mais la douleur ne part jamais vraiment… »
Et vous ?
- Comment prioriser les bons paramètres d’exercices ?
- Faut-il toujours éviter la dorsiflexion dans l’AT d’insertion ?
- L’intensité doit-elle primer sur le volume ?
Cette nouvelle étude de consensus Delphi internationale éclaire enfin les paramètres qui font vraiment la différence – selon les meilleurs experts mondiaux.
✨ Les Highlights
- L’intensité de contraction est LE paramètre prioritaire dans tous les cas.
- Éviter la dorsiflexion en phase précoce pour l’AT d’insertion peut améliorer les résultats.
- Nombre de répétitions et de séries : un levier important pour l’adaptation physique et psychologique.
- La prescription doit être individualisée selon la localisation de l’atteinte (médiane vs insertionnelle).
📚 Introduction
La tendinopathie d’Achille (TA) représente l’une des causes les plus fréquentes de douleurs musculo-squelettiques chez les sportifs comme chez les patients sédentaires.
Elle concerne jusqu’à 52 % des coureurs de fond et touche environ 6 % de la population générale au cours de leur vie.
Malgré sa prévalence, sa prise en charge reste complexe, longue et exposée aux rechutes fréquentes, avec jusqu’à 60 % des patients présentant encore des symptômes après 5 ans.
🦵 La rééducation par l’exercice est aujourd’hui reconnue comme la stratégie thérapeutique la plus efficace pour traiter la TA. Elle vise à améliorer la force, l’endurance et la fonction du triceps sural tout en stimulant le remodelage tendineux. Toutefois, la variété des protocoles disponibles – du programme d’Alfredson à l’approche lourd-lent, en passant par Silbernagel – a engendré une confusion importante chez les praticiens.
👉 En effet, les recommandations diffèrent fortement d’un programme à l’autre : nombre de répétitions, charge, type de contraction, tempo… Et jusqu’à récemment, aucune ligne directrice validée par un consensus d’experts ne permettait d’identifier les paramètres clés à prioriser dans la prescription d’exercices.
🔬 Cette étude Delphi modifiée, menée auprès de 17 experts internationaux en 2025, vient répondre à une question centrale en rééducation fonctionnelle :
Quels paramètres d’exercice influencent réellement les résultats de la rééducation dans la tendinopathie d’Achille ?
Pour la première fois, un consensus scientifique rigoureux éclaire les praticiens sur les leviers les plus puissants à activer – selon que la TA soit médiane ou insertionnelle – afin d’optimiser l’efficacité, la sécurité et la personnalisation des protocoles.
🔬 Une méthodologie rigoureuse : l’approche Delphi
🧑🔬 17 experts internationaux reconnus ont participé à trois cycles d’analyse via une méthode Delphi.
Objectif : identifier, noter et classer les paramètres liés à l’exercice d’élévation du talon selon leur impact sur la récupération fonctionnelle, pour deux types de TA :
- TA médiane
- TA insertionnelle
Les critères de consensus étaient stricts : médiane ≥ 4, ≥ 75 % de réponses positives, et IQR ≤ 1.
📊 Résultats principaux – Ce que la science recommande
🏋️♂️ 1. Intensité de contraction : le cœur de l’adaptation
- Paramètre le plus important selon les experts, pour tous types de TA.
- L’intensité stimule la déformation mécanique du tendon (objectif : 4,5 à 6,5 %).
- Des intensités >70 % RM (ou CVM) sont nécessaires pour une adaptation tendineuse optimale.
- Impact direct aussi sur la fonction musculaire, le retour au sport, et la confiance du patient.
👉 À retenir : Chargez plus, mais intelligemment. L’intensité est essentielle, mais doit être bien dosée selon les capacités du patient.
🔁 2. Nombre de répétitions et de séries : au service de la fonction
- Consensus pour les deux types de TA.
- Permet d’orienter la rééducation vers force, endurance ou hypertrophie, selon les besoins.
- Peut également jouer un rôle psychologique : un volume suffisant rassure le patient et renforce son sentiment de sécurité.
⏱ 3. Temps sous tension (TUT total) : à ne pas négliger
- Consensus pour la TA médiane, presque atteint pour l’insertionnelle.
- Durée de contraction prolongée = meilleure stimulation cellulaire.
- Meilleure efficacité observée avec des mouvements lents et contrôlés, surtout en phase initiale.
🔁 4. Type de contraction : ne vous limitez pas !
- Consensus uniquement pour la TA médiane, mais résultats proches pour l’insertionnelle.
- Pas de supériorité nette entre isométrique, excentrique ou concentrique.
- Intégrer progressivement les pliométriques en fin de parcours pour préparer aux contraintes sportives.
🚫 5. Dorsiflexion : à manier avec prudence dans l’AT d’insertion
- À éviter dans les premières phases pour ne pas augmenter la compression sur l’insertion calcanéenne.
- À réintroduire progressivement une fois les tissus préparés.
🧩 Conclusion : Priorisez, personnalisez, progressez
🧠 Cette étude apporte un message clair :
« L’intensité de contraction est votre levier principal. Les autres paramètres doivent s’adapter à la localisation et à la progression du patient. »
Prescription sur mesure, évolutive et fondée sur la science = meilleure récupération, meilleure adhésion, moins de rechutes.
🧰 Et concrètement, que changer dès demain au cabinet ?
Voici comment vous pouvez immédiatement appliquer ces résultats :
✅ Lors de l’évaluation :
- Identifiez la localisation précise de la TA : médiane ou insertionnelle.
- Mesurez l’intensité tolérée par le patient (CVM ou charge maximale estimée).
- Notez la tolérance à la dorsiflexion en actif et en passif.
✅ Dans la prescription :
| Localisation | Paramètres prioritaires | À éviter (initialement) |
|---|---|---|
| TA médiane | Intensité élevée, TUT long, contractions lentes | / |
| TA insertionnelle | Éviter dorsiflexion > neutre, intensité modérée à élevée, volume progressif | Dorsiflexion excessive |
✅ Progression type :
- Phase initiale : Contractions isométriques ou concentriques lentes, charge progressive.
- Phase intermédiaire : Augmenter l’intensité, intégrer dorsiflexion contrôlée (TA médiane uniquement).
- Phase avancée : Exos pliométriques, vitesse, haute intensité, travail fonctionnel.
✅ Astuce TOHA :
Utilisez le questionnaire “VISA-A” dans l’appli TOHA pour adapter automatiquement votre protocole selon l’évolution du patient💡
🚀 Passez à l’action avec TOHA !
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Référence :
Demangeot Y, O’Neill S, Degache F, Rapin A, Asgher U, Alfredson H, Chester R, Chimenti RL, de Vos RJ, Escriche-Escuder A, et al.
Exercise parameters to consider for Achilles tendinopathy: a modified Delphi study with international experts.
Br J Sports Med. 2025; Published online. doi: 10.1136/bjsports-2025-110183

